J’ai testé… le métier à tisser à peigne envergeur
Attention, nouvelle passion par ici ! Loin de m’éloigner de mes amours textiles, j’ai fait l’acquisition il y a quelques semaines d’un métier à tisser à peigne envergeur, plus exactement le Ashford Sample-It.
Je suis passionnée par les tissus, dingue de textures et folles des couleurs… Rien de bien étonnant donc que je finisse par m’intéresser au tissage ! C’est une vidéo sur Instagram qui a fini par me décider : j’y ai vu le passage du stade « pelote de laine » au stade « écharpe faite main » et j’ai été totalement fascinée. En réalité, il s’agissait même de laine filée et teinte à la main. Le rêve ultime de l’artisanat total ou presque !
Tissages et métiers…
Le tissage est revenu très à la mode depuis quelques années, mais c’est plutôt le tissage sur petit métier et non sur un métier « de table » comme le mien. Ces tissages sont principalement destinés à la décoration. J’aime beaucoup et j’ai failli en acheter un ! Mais je me suis demandé combien de mètres carrés de mon appartement je pourrais réellement décorer avec ce genre de chose avant que ce soit trop…
On peut fabriquer soi-même un tel métier à partir de carton si l’on est habile de ses dix doigts. Sinon, le rayon enfants en regorge, tout comme les boutiques en ligne. J’ai lu le terme de « tissage contemporain » que je trouve un tantinet insultant, comme s’il fallait absolument opposer le tissage à la mode et le « reste » (forcément antique et dépassé… alors que le tissu et donc le tissage, est partout !).
Il existe différentes tailles de métiers, mais aussi différentes technologies : à peigne, à cadres, avec plus ou moins de peignes et de cadres. Toutes ces différences vont avoir un impact sur les motifs que l’on peut tisser plus ou moins facilement et rapidement, et sur la largeur de l’objet fini. Tout un tas d’accessoires aident également à simplifier et « industrialiser » le tissage.
Moi, je voulais tisser des écharpes et des foulards et après quelques recherches, le métier à peigne envergeur s’est avéré le meilleur compromis pour moi. Stable et qualitatif (bois massif), pas trop cher (le mien m’a coûté environ 130€), peu encombrant (environ 40x40cm d’envergure) le métier que j’ai choisi permet de créer des tissages jusqu’à 35cm de large environ et d’une longueur au choix, puisque l’on peut enrouler le fil de chaîne sur lui-même. Mais d’ailleurs, chaîne et trame, parlons-en…
Comment ça marche (en gros) ?
Le tissu est composé d’un assemblage de fils verticaux (fils de chaîne) et horizontaux (fils de trame). Les fils de trame passent alternativement en-dessous et au-dessus de chaque fil de chaîne, ce qui donne ce qu’on appelle la toile : le motif le plus basique et le plus simple à tisser. Il ressemble à un fin quadrillage.
Mais là où la magie commence, c’est qu’en « sautant » des fils de chaîne avec notre fil de trame, on obtient des motifs différents. Ainsi, en suivant une série de « sauts » bien définis, on peut alors créer des textures et motifs de toutes sortes parmi lesquels le pied de poule, le sergé ou encore les chevrons. En modifiant les couleurs utilisées, on peut créer des motifs colorés ; en s’amusant avec différents types de fils, on peut inventer de nouvelles textures et obtenir de véritables tableaux.
C’est là qu’intervient le métier à tisser : d’une part il maintient une tension régulière sur les fils de chaîne (la clé d’un tissage régulier et solide), d’autre part, il rend simple l’alternance entre les fils « du dessus » et ceux « du dessous » en créant l’espace nécessaire entre eux pour nous permettre passer manuellement le fil de trame.
J’ai conscience que ce résumé est grossier et pas du tout technique, mais l’idée est simplement de vous faire un peu mieux comprendre ce dont il s’agit.
Mon expérience avec le métier à peigne envergeur Ashford Sample-It
Tout d’abord, si j’ai choisi cette marque, c’est après avoir farfouillé sur Internet et avoir lu de très bons avis. Les métiers de cette marque néo-zélandaise centenaire sont réputés, bien répandus et vendus sur un site référence dans le tissage, artifilum (où je l’ai acheté, là encore sur conseil de quelques blogs spécialisés). L’envoi a été super rapide, je l’ai reçu en quelques jours à peine.
Ascenseur émotionnel
Le Sample-It étant la référence la moins chère de la marque, il est livré démonté et non fini, c’est-à-dire que le bois est brut. Le bois brut étant poreux et donc sensible à tout liquide et aux variations de température, la notice nous indique de le « finir » en appliquant de la cire sur l’ensemble, avant montage.
Première tuile pour moi : je n’ai pas pensé à prendre dans mon panier virtuel la cire Ashford proposée (dans les 15€). Je me retrouve donc un soir chez moi, après avoir fait la course pour arriver avant la fermeture de la Poste, avec la forte envie de démarrer mon tissage mais un métier démonté et pas fini, sans cire. Heureusement, un tour à la droguerie du quartier (j’ai quand même de la chance) m’a fourni une cire comparable pour le même prix.
Cependant, ma soirée tissage n’en tombait pas moins à l’eau ! Le nombre d’avertissements sur l’étiquette et de produits chimiques contenus dans la cire, ainsi que son odeur extrêmement forte a inquiété, à raison, mon cher et tendre époux. La perspective de sentir cette douce odeur pendant plusieurs jours, à proximité d’un bébé, ne lui étant pas des plus agréables, j’ai dû remettre mon atelier cirage au lendemain, à l’extérieur. J’ai donc passé une moins bonne soirée que prévu.
Cirage et montage
Ce n’est donc que le lendemain que je me suis joyeusement attelée à l’exercice de cirage + montage. J’ai trouvé l’ensemble très simple et même plutôt amusant. La notice explique bien et il y a de nombreuses photos. A noter que deux notices sont fournies : en anglais et en français, mais celle en anglais a de plus grandes et belles photos plus lisibles. J’ai même noté une erreur grossière de traduction : « right » = « droite » et non « bon » dans ce cas. Heureusement, il y a peu de pièces et on en arrive à bout en moins d’une heure.
A noter : les autres modèles de la marque (et des autres marques) sont vendus déjà prêts.
Rapidement, nous voilà avec un beau métier à tisser tout neuf et prêt à servir !
Première épreuve : l’ourdissage
Et pas des moindres. Avant de tisser, il va nous falloir mettre en place nos fils de chaîne, la colonne vertébrale de notre tissage ! Il y a de nombreuses étapes qui sont, il faut le dire, un peu encombrantes et un chouia fastidieuses. Tout est dans la notice ainsi que sur cette super vidéo Youtube, en français s’il vous plaît.
Poussez les meubles : pendant cette phase, nos fils de chaîne sont déroulés sur toute leur longueur. Pour faire simple, ça a pris une bonne partie de mon salon tout ça.
Ensuite, vient le plus fastidieux : passer un fil de chaîne sur deux dans le trou prévu à cet effet sur le peigne. Hé oui : pour pouvoir lever certains fils et pas d’autres, nous allons devoir enfiler un fil de chaîne sur deux comme on enfile une aiguille.
En fonction de la largeur de notre tissage, cela peut prendre facilement une demi-heure. Dans mon cas, j’ai fait un enfilage classique mais encore une fois, en fonction de l’effet recherché, on peut enfiler très différemment. Une fois tout bien enfilé, et après quelques manipulations pour bien attacher le fil de chaîne et l’enrouler à l’arrière du métier, on peut enfin démarrer !
Deuxième épreuve : savoir tisser, donner sans reprendre, ne rien faire qu’apprendre
Tissons maintenant ! La bonne nouvelle, c’est qu’encore une fois, tout est très bien expliqué sur la notice ainsi que dans la vidéo ci-dessus. Le peigne est un élément amovible qui a trois positions : haute, basse et neutre.
Le tissage va consister, dans sa version la plus simple, à :
- mettre le peigne en position haute
- passer notre fil de trame d’un côté à l’autre de notre métier
- tasser doucement à l’aide du peigne afin de bien positionner le tout
- mettre le peigne en position basse
- recommencer tout ça autant de fois que nécessaire.
Et de temps en temps, on déroule notre fil de chaîne avec la position neutre, au fil de l’avancement de notre projet.
Le processus est simple, on comprend vite, il n’y a aucun automatisme. Ce n’est pas comme une machine à coudre, c’est l’action humaine seule qui déplace les différents éléments. C’est donc un loisir basse consommation !
Mes impressions
C’est très détendant de tisser. Il n’y a pas de bruit, sinon le chuchotement du peigne sur le fil et le claquement des molettes. Une fois qu’on a compris, on peut faire une écharpe complète sans problème. C’est une grande satisfaction d’avoir un objet fini à la fin de son premier essai ! Tous les loisirs ne peuvent pas forcément en dire autant ! Alors oui, mon écharpe n’est pas parfaite, un peu trop courte et assez grossière… mais elle est portable et je me suis beaucoup amusée à la tisser !
Alors ni une ni deux, j’ai démarré un nouveau projet. Au programme, des motifs, des couleurs, des bords plus soignés, une écharpe plus longue et des expérimentations en tout genre. Le tissage est, je m’en rends compte maintenant, un support de création quasi infini… Je crois bien que je suis accro !
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